Un pays de neige et de cendres – Petra Rautianen

FINLANDE

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Merci au Seuil et à Babélio qui m’ont offert ce livre dans le cadre d’une opération de la Masse Critique.

Je me réjouissais du voyage en Finlande, en Laponie, au delà du Cercle Polaire. Je n’avais pas bien lu le titre : Un pays de neige et de cendres. Ces cendres dénoncent un épisode de la Seconde Guerre Mondiale tragique et peu (pas) connue de nous . 

Une petite remise à niveau sur Internet a été nécessaire pour mettre de l’ordre dans mes idées:

  • Novembre 1939 : invasion de la Finlande par l’Union Soviétique qui s’affrontent en une Guerre d’Hiver 
  • Avril 1940 : invasion du Danemark et de la Norvège par l’Allemagne nazie
  • Juin 1941 : Opération Barberousse : les panzers allemands entrent en Union soviétique, les troupes allemandes entrent en Finlande. 
  • 1941- 1944 : Guerre de Continuation : co-belligérance de l’Allemagne et de la Finlande
  • fin 1944 ; Intensification des hostilités entre les Alliés et les Allemands qui pratiquent dans leur retraite la politique de la Terre Brûlée 
  • jusqu’en 1950 : poursuite des opérations de déminage

Deux histoires s’entrecroisent dans le roman : l’une se déroule à Inari de février à septembre  1944 dans un camp de concentration mettant en scène des hommes, finnois, allemands et lapons, gardiens et prisonniers. Les prisonniers sont soumis à un régime épouvantable, froid, manque de nourriture et travaux dans des conditions terribles. Les gardiens jouent un jeu très trouble, on ne comprend pas très bien s’ils gardent des prisonniers vivants ou s’ils les liquident par la faim et le froid. D’étranges expériences, mensurations, examens médicaux suggèrent une purification ethnique dont seraient victimes entre autres les Sames au titre d’une aryanisation, les Finnois étant les Aryens. Les gardiens finnois se surveillent les uns les autres, l’un d’entre eux fait l’objet d’une surveillance telle qu’on ne sait plus où le situer, parmi les prisonniers ou les gardiens. Une Saigneuse – guérisseuse? infirmière? est un autre personnage très trouble. 

L’autre histoire racontée dans le livre est celle d’Inkeri, journaliste-photographe qui s’installe au village d’Enontekiö en 1948. Elle est à la recherche de son mari qui est passé par le camp de prisonniers d’Inari. En l’absence d’indices ou de preuves de vie, elle s’intègre dans le village lapon et enseigne dans une école locale, fait des photos et s’intéresse à la culture locale sami qui est occultée. La neige, l’obscurité  noient les décombres du camp de prisonniers. Surtout, les témoins s’ingénie à nier ce passé récent. Chacun sait ce qu’Inkeri cherche mais chacun lui met des bâtons dans les roues. Le passé est si inavouable qu’il vaut mieux qu’il reste caché. 

Cette lecture est difficile.  Si l’évidence est noyée dans un brouillard épais, cela ne facilite pas la compréhension pour la lectrice peu au fait de l’histoire. Sans parler des noms finnois difficiles à déchiffrer. Et pourtant je suis restée captivée comme dans un thriller.

Mes recherches sur Internet, au lieu de clarifier la situation, ont contribué à m’embrouiller. Selon Wikipédia, les commandements militaires finnois seraient restés distincts de leurs alliés nazis et il n’y aurait eu que très peu de persécutions antisémites. D’après d’autres sources, les camps en Laponie auraient été des camps d’extermination ethnique. Récemment, la Russie a demandé qu’on ouvre une enquête sur ces persécutions et massacres (Le Monde 28/04/2020). La question est donc ouverte!

 

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

5 réflexions sur « Un pays de neige et de cendres – Petra Rautianen »

  1. Ca y est, je l’ai lu ! Et encore merci ! Tu as raison de dire que c’est parfois difficile à comprendre mais il faut dire que tout est fait dans le secret et recouvert par une chape de silence. Personne n’a intérêt à rappeler ce qui s’est passé dans ces camps de concentration.
    Et nous découvrons l’horreur ! Les juifs, on voit très bien que ce sont les premiers qui disparaissent et la purification ethnique à propos des Sames continue même après la guerre !! L’écrivaine n’a pas dû se faire que des amis avec ce livre !

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